2020
Cairn
Gabriel Morin et al., « Qui fait la carrière de l’officier, l’individu ou son institution ? Le cas des officiers français », Revue Internationale des Sciences Administratives, ID : 10670/1.ccyx1l
Le phénomène de managérialisation qui affecte l’État, ainsi que ses élites, contribue à y provoquer une irruption de l’individu. L’institution militaire n’échappe pas à ces transformations organisationnelles qui en découlent. À travers l’analyse de la carrière des officiers français, cette étude explore les effets de cette managérialisation. La question de recherche qui est posée cherche à déterminer qui, de l’individu ou de son institution, fait la carrière de l’officier français ? L’étude empirique s’appuie sur des données primaires très denses récoltées auprès d’acteurs clés de la fabrication des élites militaires françaises : des officiers généraux, pour certains directeurs d’écoles militaires, ayant été successivement élèves, instructeurs et concepteurs de ce parcours professionnel du chef militaire. Les résultats montrent que, malgré un processus de civilianisation sans précèdent de l’institution militaire, la carrière de chef militaire se révèle plus immuable. Le parcours professionnel de l’officier français peut, ainsi, se lire comme un marqueur de l’identité institutionnelle militaire. Remarques à l’intention des praticiensL’institution militaire peut apparaître comme un miroir des évolutions sociologiques majeures et notamment du phénomène de managérialisation qui concerne l’État avec son corollaire, l’individualisme. L’analyse de la carrière des officiers français permet d’explorer les effets de cette managérialisation. Les résultats de l’étude atténuent les effets de ce phénomène, appelé également civilianisation dans le cas des forces armées, et révèlent au contraire le caractère invariant de la carrière de chef militaire, pilier de l’identité institutionnelle militaire.