10 juillet 2017
Julie Patarin-Jossec, « Faire l’économie de l’hégémonie ? Eléments de critiques féministes et matérialistes du capitalisme », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.cgsf5r
Alors que subsistent en économie politique des difficultés tant théoriques que méthodologiques à dresser une dialectique des relations qu’entretiennent économie et politique qui n’invisibilise pas la fonction des structures étatiques dans les rapports de production capitalistes, ou ne faisant pas d’une crise politique la conséquence unilatérale d’une déstabilisation d’un système économique, certaines théories féministes critiques du système capitaliste à l’ère néolibérale sont susceptibles de pourvoir quelques pistes de travail. S’appuyant en grande partie sur le postulat marxien de « privilège épistémique » de la classe des opprimés, ces théories forgent ainsi, dès les années 1990, un lien logique entre le système de valeurs néolibérales dans lequel s’exerce le pouvoir politique des États occidentaux et l’hégémonie du modèle économique capitaliste qui en résulte. D’où une critique des modes de production propre aux sociétés occidentales modernes comme appui et structure de la domination masculine (notamment à travers les rôles de travailleur-consommateur et de citoyen-client de prestation sociale). Heuristique en dépit d’indéniables lacunes et contraintes théoriques (dont sa contribution à l’assise de politiques publiques néolibérales dès le début des années 1970), l’esquisse d’une économie politique féministe suppose de produire une émancipation politique par l’exégèse du système économique dans lesquels les rapports de pouvoirs s’insèrent au fil des interactions, des flux financiers, ou encore de la définition des actions étatiques.