Vacation littéraire du médecin Bruno Sachs, chez Martin Winckler: Réflexions sur les digressions dans le premier roman de la trilogie de Martin Winckler, La Vacation (1989)

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Joel July, « Vacation littéraire du médecin Bruno Sachs, chez Martin Winckler: Réflexions sur les digressions dans le premier roman de la trilogie de Martin Winckler, La Vacation (1989) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.cltcqj


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Il y a digression parce qu'il y avait progression: une oeuvre fragmentaire, hétéroclite, qui érigerait le coq à l'âne en principe fondateur, ne permettrait pas à l'auteur d'affirmer à un moment quelconque qu'il est en train de sortir de la bonne marche de son sujet ; le lecteur trouverait incongrue, paradoxale et inutile sa précaution. C'est donc parce que le texte cadre a un déroulement linéaire et progressif qu'une digression peut s'effectuer. Or cette progression n'est souvent préétablie que dans la conscience du narrateur intradiégétique qui confie à son lecteur son désarroi, son agacement ou son amusement face à ses écarts de plume et une fois seulement qu'il les a constatés. Citons justement ce cas dans Plumes d'ange , la biographie que Martin Winckler consacre à son propre père Ange Zaffran, lui même médecin: «Mais je digresse: un beau jour, Mardochée Zaffran épousa Céleste Gharbi et ils eurent un unique enfant, un garçon.» Pour cette digression explicite, Winckler dans une oeuvre biographique et globalement chronologique, dont il est l'auteur et le narrateur interne, utilise comme il se doit «un métadiscours (plus ou moins développé) jouant le rôle d'une cheville démarcative qui souligne l'écart». Mais, hors de ces situations énonciatives (discours oratoire, narrateur autobiographe, intrusion d'auteur), la digression n'a pas les moyens de s'afficher et de se nommer. Elle se perçoit donc essentiellement de l'autre côté de l'acte littéraire : non pas du côté de l'écriture mais du côté de la lecture. Elle procède d'un «sentiment d'écart» qui échoit au lecteur, soit au cours de la digression elle-même, par l'impression de ne plus savoir où il en est dans l'intrigue (et d'en avoir surtout perdu le fil temporel), soit au terme de cette digression, par l'impression de rupture et d'incohérence qu'il ressentira lorsque le narrateur reprendra le fil (temporel) de son intrigue – à peu près – où il l'avait laissé échapper. Ainsi, cette digression sensée du biographe Martin Winckler dans Plumes d'ange est bien loin de l'utilisation systématique et loufoque qu'il en fera dans son premier roman La Vacation, roman qui crée pour la première fois en 1989 le personnage du médecin Bruno Sachs.

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