Estime de soi et reconnaissance chez Vauvenargues

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La question de la reconnaissance suscite l’intérêt depuis plusieurs décennies. À la suite d’Axel Honneth, c’est la reconnaissance comme problématique explicite chez Fichte, Hegel et les penseurs ultérieurs qui a d’abord retenu l’attention. Depuis peu, on assiste cependant à un tournant de la recherche qui interroge, dans une perspective historique, les prémices de la pensée de la reconnaissance chez des penseurs du 16e au 18e siècle. Les moralistes classiques tels Pascal, La Bruyère ou La Rochefoucauld, se trouvent notamment convoqués à cette occasion. En revanche, la contribution de Vauvenargues à la compréhension de la reconnaissance n’avait pas encore fait l’objet d’une étude indépendante. Le présent article met en évidence le caractère central de cette question dans son œuvre, au-delà du thème souvent traité de la gloire. Il montre l’articulation de l’estime de soi et de la reconnaissance dans la pensée du moraliste. Enfin la singularité de sa position par rapport à d’autres penseurs comme Pascal et Mandeville se trouve soulignée.

The issue of recognition has drawn increasing attention over the last decades, with, in the wake of Axel Honeth, a particular interest in recognition as an explicit issue in Fichte, Hegel and later thinkers. Since then, a watershed has taken place in the thinking of recognition with a more historical perspective and an interest in the genealogy of recognition going back to sixteenth to eigtheenth century thinkers such as classic moralists like Pascal, La Bruyère or La Rochefoucauld. However Vauvenargues’s contribution had never been studied for itself. This article highlights its importance in his works beyond the often tackled issue of glory and shows the link between self-esteem and recognition in the moralist’s conception. His singularity, next to Pascal or Mandeville, is thus brought to light.