11 juin 2020
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Marie-Claire Chatelain, « Le modèle ovidien de l’élégie au xviie siècle », Tangence, ID : 10670/1.cnbmwf
Le xviie siècle, traitant du genre de l’élégie, l’a naturellement rapporté au modèle antique des Élégiaques latins, et plus particulièrement au modèle ovidien, prééminent dans la traduction comme dans la critique. En effet, Ovide, dans l’expression des passions, l’emporte sur Catulle et Properce pour le naturel et la facilité de son style, à l’égal de Tibulle. S’il est parfois préféré à ce dernier, c’est pour la variété qu’il introduit dans le genre. L’influence élégiaque d’Ovide s’exerce assez traditionnellement sur l’épître, contribuant longtemps à une proximité entre les deux genres, distingués par la plus grande liberté de sujet et de registre que possède l’épître. C’est précisément par cette variété propre au genre épistolaire que Théophile, dans un esprit tout ovidien, renouvelle l’élégie. Dans cette palette, l’esthétique galante du milieu du siècle privilégie l’élégie enjouée et railleuse, nourrie des œuvres érotiques, et proche cette fois des petits genres en vers comme les madrigaux et les stances. La fin du siècle réinterprète ensuite cette même forme galante en élégie passionnée qui, conjoignant veine ludique et veine déplorative des poèmes ovidiens, et cultivant l’effet d’illusion d’une possible authenticité du sentiment, se veut l’expression naturelle du cœur amoureux.