2006
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Yves Citton, « Merveille littéraire et esprit scientifique : une sylphide spinoziste ? », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.cnopfw
1670 - 1747 Un spinoziste peut-il croire aux sylphides (dont certaines généalogies font les ancêtres des fées) ? La question semblera sans doute soit impertinente, soit facile à résoudre (en répondant simplement non). J'aimerais pourtant la prendre (brièvement) au sérieux en la cadrant à l'intérieur d'un arc tendu entre littérature et philosophie, entre 1670 et 1747, autour de la notion de fiction. En 1670, deux textes de natures à la fois très différentes et parallèles voient le jour. En Hollande, Spinoza publie son Traité Théologico-Politique, pour rédiger lequel il a suspendu depuis quelques mois son travail sur l'Éthique. L'histoire de la philosophie fait de ces deux textes les machines les plus scandaleuses et les plus extrémistes de dénonciation des " fables " religieuses : à partir d'une réflexion herméneutique sur le statut du texte biblique et d'une reconfiguration totale de l'idée que nous sommes amenés à nous faire d'un Dieu assimilé désormais à la Nature, c'est le cadre épistémologique de ce que nous avons appelé depuis " la méthode scientifique " que Spinoza met ainsi en place dans le sillage d'un Descartes radicalisé