3 novembre 2022
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Pascal Poulle, « Le grand cimetière d’Issoudun et ses sépultures de catastrophe : l’apport de l’étude des registres paroissiaux », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.co1tum
En 2002, la fouille dirigée par Philippe Blanchard avec Isabelle Souquet-Leroy et Dominique Castex sur le site du futur centre de l’image à Issoudun a conduit à la découverte dans ce qui était le grand cimetière de la ville, de fosses à inhumations multiples dites de catastrophes. À deux périodes distinctes, postérieures au grand incendie de la ville en 1651, on a eu recours à de telles pratiques funéraires. La première était représentée par douze fosses, la seconde par deux fosses. Certaines contenaient jusqu’à 23 individus. Le terrain achevé, d’importants moyens sont débloqués pour des recherches en archives avec deux objectifs : comprendre quand et comment le grand cimetière d’Issoudun a été établi et a évolué, et trouver les épisodes de mortalité susceptibles d’expliquer la présence de ces fosses. Répondre à cette dernière question impliquait un travail sur les registres paroissiaux de la plus grosse paroisse de la ville, Saint-Cyr qui représentait près de 80 % de la population. Les travaux de Jean Gerbier un historien issoldunois qui avait abordé les épidémies de peste de 1636-1637, la Fronde, une épidémie de variole en 1658 et le début de la crise de 1661 nous ont permis de nous concentrer sur les épisodes de mortalité de la fin du règne de Louis XIV, 1693 et 1709. L’étude a pris en compte aussi bien les décès que les mariages et les naissances selon une méthode établie en concertation avec les anthropologues ; un dénombrement mensuel pour chaque année en distinguant les hommes des femmes et les adultes des immatures, en vue d’établir des comparaisons entre la population des registres et celle des fosses. Pour mois où les décès étaient particulièrement nombreux, le dénombrement devenait quotidien avec la constitution de listes nominales des défunts. Les résultats obtenus ont permis d’écarter la variole de 1658 et se sont révélés particulièrement significatifs pour les années 1693 et 1709. Une fois les crises bien établies, le travail s’est poursuivi jusqu’à obtenir une courbe complète de 1685 à 1720 avec quelques sondages pour la période qui précède. Des dénombrements ont été aussi entrepris dans les registres des trois autres paroisses de la ville. Les délibérations municipales et des sources fiscales – les rôles de la capitation de 1701 et 1709 – ont également été exploitées. Le rapport final d’opération achevé en 2011 posait de nombreuses questions et ouvrait de belles perspectives de recherches en archéologie et anthropologie funéraire comme en archives.