2013
Cairn
Lise Andries, « Querelles et dialogues des morts au XVIIIe siècle », Littératures classiques, ID : 10670/1.cp4oq1
Cet article tente de s’interroger sur la place du conflit et de la violence dans une société où la querelle intellectuelle serait le prolongement d’une brutalité des gestes et des paroles. Cette violence qui fait partie de la vie quotidienne envahit l’écrit au XVIIIe siècle. C’est en effet à cette époque que naît en France une littérature judiciaire dont les formes et les supports sont multiples, des mémoires aux gazetins de police, collections de causes célèbres et biographies de brigands fameux comme Cartouche et Mandrin, pendant que de nouvelles formes littéraires paraissent pour exploiter cette veine. Cette étude se limitera à l’une d’entre elles, le genre du dialogue des morts, qui fait de la querelle son sujet de prédilection. De par sa plasticité formelle, ce genre présente l’intérêt de toucher à plusieurs domaines fondamentaux : la querelle peut y être traitée sur le mode du divertissement burlesque mais rend compte également de grands débats esthétiques et philosophiques, et plus tard dans le siècle, de revendications d’ordre politique.