D’une réforme imposée à un nouveau contrat territorial

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1 décembre 2015

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Luc Gwiazdzinski, « D’une réforme imposée à un nouveau contrat territorial », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.cqoi2e


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Le big bang des territoires annoncé met la France en émoi. On ne touche pas au territoire, à ses limites et à une organisation inscrite dans le temps long, sans susciter de réactions. C'est à la fois un problème de forme et de fond. C'est aussi la preuve que la France n'est pas encore le simple hôtel décrit par Michel Houellebecq mais un corps vivant. Problème de méthode Au-delà des réflexions sur la pertinence des découpages et sur la nouvelle architecture des territoires, l'énervement vient d'abord de la méthode employée au plus haut niveau de l'État. Une telle réforme mériterait de s'inscrire dans une dynamique générale de redéfinition systémique du paysage institutionnel, des régions aux communes, un projet global qui puisse être présenté aux Français, une plateforme de discussion globale, une feuille de route sur laquelle s'appuyer pour un large débat. Au lieu de cela, chaque jour apporte son lot de déclarations et d'improvisations. On s'attaque au nombre de régions et on se promet de régler la question des départements dans six ans comme si les choses étaient séparées. Pire. La nouvelle carte de France semble parfois redessinée au gré des alliances politiques. Le projet venu d'en haut, et imposé par le « château » ne prend pas en compte le besoin d'information, de clarté, de vision et la demande de participation de nos concitoyens. Il est à l'image de nos institutions qui n'ont toujours pas changé de paradigme et restent incapables d'imaginer un processus de co-design ouvert avec l'ensemble des parties prenantes et de s'engager dans des stratégies d'innovation ouverte. En France, la démarche descendante reste de mise et le dialogue sociétal semble encore un voeu pieux même pour une présidence normale. Autre problème : le projet donne l'impression d'un retrait accru de l'État à un moment où la société française a besoin de repères. La réforme ajoute une insécurité institutionnelle et territoriale à une insécurité sociale et économique avec des conséquences que l'on mesure désormais dans les urnes. Dans un contexte d'incertitude, les territoires sont aussi des figures de réassurance, les lieux d'un ancrage symbolique essentiel qui ne répond pas seulement à des critères objectifs. L'épisode du maintien de la mention du département sur les plaques d'immatriculation de nos véhicules est une preuve parmi d'autres de cet attachement viscéral. On peut également s'inquiéter des risques de déconnections entre les nouvelles entités régionales et les citoyens. Paris est loin, l'Europe encore davantage, comme l'ont encore montré les consultations électorales.

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