Vie, mortalité et histoire : l'herméneutique ricœurienne face aux phénoménologies du corps

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2014

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Anne Gléonec, « Vie, mortalité et histoire : l'herméneutique ricœurienne face aux phénoménologies du corps », Les Études philosophiques, ID : 10670/1.cr41dx


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Cet article se propose de discuter la relation de l’herméneutique ricœurienne aux phénoménologies du corps, en explicitant d’abord la manière dont le dialogue critique avec la phénoménologie n’aura cessé de problématiquement féconder cette pensée. Une pensée qui de l’herméneutique a reconnu la force, mais aussi les errances, depuis ce dialogue même avec la phénoménologie et ses fondateurs. Mais ces errances, si Ricœur les a sans doute dévoilées mieux que nul autre au fil de l’œuvre fragmentaire, il ne les a pas pour autant dépassées, d’avoir lui aussi, à la suite de toute la tradition herméneutique, laissé au seuil de l’interprétation ce qui relie justement les fragments, jusqu’au fameux aveu-texte ricœurien – Vivant jusqu’à la mort – : le lien nommé « Vie ». Ce lien, qui semble hanter l’interprétation, au sens même où Ricœur entendait le terme de hantise, comme tourment, nous montrerons ici que c’est la discussion ricœurienne de la « limite de la phénoménologie », qui permet de le reproblématiser, en suivant la triade « vie, mortalité et histoire ». Que ma chair soit aussi un corps, un corps parmi les corps, que l’altérité précède même la propriété, de telle sorte que devienne pensable tout ce que Soi-même comme un autre et La mémoire, l’histoire, l’oubli opposeront à la conception heideggérienne de la mortalité, de l’authenticité et de l’histoire, voilà en effet ce que, selon Ricœur, la phénoménologie ne serait jamais parvenue à penser ; voilà sa limite. Or, le but de cet article est justement de montrer, en reprenant dans son détail cette critique des phénoménologies du corps, que c’est une grande et paradoxale absence qui la marque : celle de la pensée merleau-pontienne. Paradoxale, parce que de cette pensée Ricœur s’est d’abord et longtemps réclamé, avant d’ignorer ses derniers virages et sa phénoménologie de l’Institution. Une phénoménologie dont nous nous proposons donc de comprendre l’absence, tout en montrant qu’en elle histoire et vie ne font qu’un, au point qu’elle dévoile peut-être le mieux les possibles de cet implicite de la vie et du désir qui hante l’œuvre ricœurienne : les possibles d’un déploiement nouveau de la phénoménologie de l’ histoire elle-même à partir d’une phénoménologie du corps vivant.

The purpose of this article is to discuss the relationship between Ricœur’s hermeneutics and phenomenologies of the body. This is accomplished by evoking at first “the wanderings of Hermeneutics” in a double sense: on the one hand, because Ricœur perhaps disclosed these wanderings like no one else via the precise and continued dialogue with phenomenology, through the impressive multiplicity of bends that have been the “fragments” of his thought, but on the other hand, because by doing such he maybe still did not transcend them. However, “transcending” certainly does not mean here that there is any final systematicity to be expected in Hermeneutics–Ricœur’s works warned us enough against the symmetrical aporias of “the whole history” and “the present time”. By using this word, our intention is rather to point the major difficulty of this thought, that is what is linking all together its fragments and will even be the last word of the Work–in Living up to Death–, a word which doubtless stayed under the line of interpretation: the link named “Life”. A concept that has been and still is for all the History of Hermeneutics and for Phenomenology itself, in their reciprocal and complex relationship–from Dilthey and York to Husserl and Heidegger, throughout the German romantic Hermeneutics and its Ricœurian critique–“haunting” the interpretation, in the very sense that Ricœur himself will give to this term, as a torment. Yet, what this paper intends to disclose and develop in regard to this question is the philosophical fertility of a new dialogue between Hermeneutics and phenomenology of the living body. Indeed, according to Ricœur himself, phenomenology would never have succeeded in thinking completely that “my flesh is also a body,” a body among other bodies, so that “otherness” even precedes “ownness” in the constitution of “one’s own body”. So that, finally, Oneself as another makes possible exactly what Ricœur opposed to the Heideggerian conception of mortality. Yet, we try to show that there is precisely a philosophy–that of Merleau-Ponty–, that Ricœur essentially referred to in his earlier works before ignoring its last fertility and themes, which has transcended this negative limit assigned to phenomenology, and moreover has done so by returning in a very surprising, unexpected, and still yet to be interrogated way to Heidegger, in the lesser known works of the year 1954-1955 at Le Collège de France–entitled Institution and Passivity. One of the main tasks of this paper is thus to reread those courses in regard to the Ricœurian hermeneutics in its own conflicting relationship with the German phenomenological and hermeneutical tradition via this very concept of Life which tears its inheritance.

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