2024
Cairn
Guillaume Delangue, « « Dreyfus sur la toile » ! : La projection documentaire dans le militantisme dreyfusard », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.cst2ni
En 1898-1899, l’affaire Dreyfus bat son plein, et les dreyfusards se mobilisent en meetings et dans la presse pour défendre le capitaine condamné. Au même moment, l’éducation populaire connaît un grand succès en intégrant des projections à la lumière oxhydrique dans ses enseignements. C’est notamment le cas dans le milieu des universités populaires. Les dreyfusards vont reprendre à leur compte ce « pré-cinéma », et introduire la projection de supports visuels dans leurs conférences afin d’illustrer le propos des orateurs. Parmi les supports projetés, on trouve des photographies de Dreyfus, Esterhazy, Zola, Picquart, et des autres grands protagonistes de l’affaire. Des images en lien avec Dreyfus sont donc politiquement récupérées, projetées, et réinterprétées au service d’une cause militante. Les mouvances de gauche et les ligues républicaines sont aux manettes de ces « conférences documentaires » qui vont de l’été 1898 au procès en révision de Dreyfus. Elles se tiennent principalement en région parisienne et s’exportent mal en dehors des villes, contrairement aux grands meetings de la Ligue des droits de l’homme qui partant des métropoles réussissent à s’implanter dans les campagnes.