Un directeur de la musique avant la lettre : Alfred Cortot et la politique musicale du gouvernement de Vichy

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La musique, qui continue à dépendre de l'administration des Beaux-Arts, acquiert sous Vichy une importance inédite, révélée en particulier par l'accession pour la première fois d'un musicien à des responsabilités politiques. Pianiste de réputation internationale, fort de son expérience de co-fondateur en 1915 du "Théâtre aux armées", Alfred Cortot est nommé en novembre 1939 délégué général du service "Lecture, arts, loisirs et sports aux armées". Puis, soucieux avant tout de "rendre service à la Cause de la musique" et de s'occuper des "intérêts de [ses] camarades", il met en juin 1940 sa "compétence artistique et administrative" à la disposition du Gouvernement de Vichy : nommé par Albert Rivaud, il occupe quelques jours la fonction de haut-commissaire aux Beaux-arts (juin-juillet 1940), puis il est successivement délégué général du "Service d'initiatives artistiques" au Secrétariat général à la Jeunesse (août 1940), conseiller national (janvier 1941), chargé de mission par Jérôme Carcopino au Secrétariat général des Beaux-arts (mars 1941) et conseiller technique au cabinet d'Abel Bonnard (mai 1942). Fidèles aux thèmes de la Révolution nationale, les projets élaborés par Cortot se traduisent par leur caractère corporatiste et nationaliste et par un souci de formation de la jeunesse. Appelé en mars 1942 à présider le Comité d'organisation professionnelle de la musique, Cortot œuvre pour le remplacer en octobre 1943 par le Comité professionnel de l'art musical et de l'enseignement libre de la musique, chargé provisoirement de la représentation et de la défense des intérêts généraux des professions qui s'y rattachent.