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Dominique Cauche, « La grotte du Vallonnet en bordure nord-méditerranéenne : un enregistrement de l’une des plus anciennes présences humaines en Europe », HAL-SHS : archéologie, ID : 10.1016/j.anthro.2021.102974
Les sites préhistoriques témoignant de présence humaine plus ancienne qu’un million d’années en Europe sont rares, et dans l’état actuel des connaissances les datations des plus anciens d’entre eux remontent aux environs de 1,4–1,5 Ma. La grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin dans les Alpes-Maritimes, en bordure méditerranéenne, est en France l’un des sites les plus anciens ayant livré des témoignages d’activité humainenotamment un assemblage lithique d’une centaine de pièces et des traces de boucherie sur des ossements d’une faune épivillafranchienne. Les niveaux archéologiques de cette petite caverne ont été dernièrement datés entre 1,1 et 1,2 Ma par U-Pb corrélé aux données paléomagnétiques. Le site était occupé alternativement par des carnivores de grande taille qui s’en servaient de repaire ou de tanière, et par des hominines qui y séjournaient brièvement en bivouac. Les vestiges lithiques sont principalement des outils de percussion, des galets aménagés, des éclats et des nucléus, dont les matières premières sont locales, voire semi-locales, et qui, dans l’ensemble, sont peu diversifiées avec principalement du calcaire, et dans une moindre mesure du grès, du quartzite, du silex et du quartz. Cet assemblage est attribué à une industrie de Mode technique 1 (Oldowayen), parmi laquelle le macro-outillage (percuteurs et galets aménagés ou fracturés) côtoie de plus rares éléments résultant de chaînes opératoires de débitage visant à la production d’éclats à bords tranchants, très rarement retouchés. La technique de débitage bipolaire sur enclume a pu être identifiée à partir des caractéristiques de certains artefacts. Plusieurs remontages d’éclats sur galets aménagés ou sur outils de percussion attestent des activités de taille et de percussion dans la grotte. Les hominines ont consommé les restes de carcasses de grands herbivores, comme l’atteste la présence de traces de découpe mais aussi de fracturation sur certains ossements. La présence d’une source d’eau douce à proximité immédiate, les activités de taille et de boucherie documentent donc ici les comportements de subsistance de groupes humains du Pléistocène inférieur, certainement en concurrence avec les carnivores présents.