Novela negra, novela azul, novela parda

Résumé Fr

« Série noire, série bleue, série arc-en ciel ». Rappelant ses lectures de jeunesse en anglais et en espagnol, les romans de détectives sachant résoudre une énigme par la force de l'esprit, alors traduits et édités en Argentine (à l'initiative de Borges et de Bioy Casares), la romancière indique l'évolution des formes de récit policier dans les dernières décennies. L'intrigue policière, le suspens, lui paraît trop absorbant pour celui qui veut savourer un bon roman, elle l'évite donc dans ses propres livres. Le roman noir est une des formes du mystère effrayant, dont, avec B. Bettelheim et G. Steiner, nous avons appris qu'il est nécessaire à l'imaginaire dès l'enfance et à la situation de l'adulte dans le monde des vivants, comme une façon de prendre nos distances avec la mort (G. Agamben). Le roman noir, roman d'action à la nord-américaine, est une des formes de cette exploration (Chandler). Le détective lui-même, un homme comme les autres, est exposé à la déchéance et à la mort. Le roman désigné ici comme « bleu » (pour changer de couleur) crée des personnages qui appartiennent à la police, avec ou sans uniforme, et dont l'enquête les entraîne dans un labyrinthe plein de dangers (en Argentine Ernesto Mallo, Noé Jitrik). Le roman arc-en-ciel (ainsi désigné à cause de redéfinition de ses modalités, de la multiplicité de ses ressorts) a pour thème une question : celle de la conscience d'être, une inquiétude philosophique (Pablo de Santis). C'est à cette catégorie qu'appartiennent nombre d'oeuvres de L. Valenzuela : Novela negra con argentinos, plusieurs de ses nouvelles. Le thème de la quête du sens, de l'enquête sur l'être et le monde revient dans la plupart de ses textes.