Un patrimoine foncier et naturel : la réserve des Cinquante Pas Géométriques en Martinique

Résumé Fr

Le phénomène de littoralisation — perceptible à l’échelle de la planète, car plus des deux-tiers des hommes vivent dans une bande littorale de 100 m de large — est particulièrement présent dans les espaces insulaires, dont l’exiguïté et les potentialités multiples placent le littoral comme enjeu central de développement et d’aménagement du territoire. Ainsi, dans les Départements Français d’Amérique, le littoral, siège d’une importante biodiversité, fait l’objet de dégradations abusives, à mettre en relation avec les contraintes auxquelles il est soumis. Si la frange côtière constitue un élément clé de l’organisation spatiale, c’est la bande des Cinquante Pas Géométriques qui connaît les plus grandes convoitises et indirectement les plus grandes détériorations, posant ainsi des problèmes paysagers, économiques, écologiques, et sociaux, compte tenu de la valeur patrimoniale de cet espace. En effet, ayant échappé durant des décennies aux autorités chargées de sa mise en valeur, l’occupation du littoral, illicite ou régulière, laisse apparaître un nouvel enjeu, celui de la mise en place d’une gestion intégrée sans laquelle aucun développement durable n’est envisageable. Le laisser-aller permanent laisse entrevoir une privatisation progressive de l’espace côtier, portant atteinte directement à l’uniformité paysagère, mais aussi, plus indirectement aux valeurs patrimoniales et culturelles du littoral. Dans un souci d’intégration de la protection de l’espace côtier dans les orientations relatives à l’aménagement du territoire, les politiques à venir semblent prendre en considération, non seulement l’équilibre Homme-Milieu, mais aussi la qualité paysagère, afin d’éviter l’évolution du phénomène d’urbanisation sauvage, facteur de dégradations multiples.