1932, naissance du libéralisme autoritaire

Résumé Fr

La notion de « libéralisme autoritaire » émerge en Allemagne au début des années 1930. Elle fut employée pour la première fois par le juriste social-démocrate Hermann Heller dans un texte rédigé en 1932 .« Libéralisme autoritaire » n’est pas le nom d’un programme dont Heller se revendiquerait, mais la désignation critique d’une position adverse, qu’il nomme ainsi pour en révéler la véritable teneur et mieux la combattre. Ce qu’il vise par-là, c’est à la fois la politique des « cabinets présidentiels » au pouvoir en Allemagne depuis juillet 1930, et la théorisation qu’en livre Carl Schmitt à l’époque.À l’automne 1932, ce dernier avait été invité comme orateur vedette à la soixantième réunion annuelle de la Langnam Verein, littéralement, « l’association ou l’union au long nom », sobriquet d’une puissante organisation patronale de l’ouest de l’Allemagne. Dans ce discours, intitulé « État fort et économie saine » , il en appelait à un État autoritaire, un « État total qualitatif » dont la puissance implacable serait mise au service d’une politique efficace de libéralisation de l’économie.Heller, qui était alors l’un des principaux adversaires intellectuels et politiques de Schmitt lui répond par une critique acérée de ses positions, dénonçant notamment la duplicité de son antilibéralisme affiché. Schmitt est certes antilibéral politiquement, mais pas au plan économique. L’État autoritaire dont il se fait le héraut n’est autre, en réalité qu’un « État néolibéral » [« neoliberalen Staat »].