Les communaux à l’épreuve du temps dans le sud de la Franche-Comté (XVIIIe-XXIe siècle)

Résumé Fr

Cet article étudie les communaux dans le sud de la Franche-Comté du XVIIIe au XXIe siècle, dans une région de moyenne montagne, au relief très accidenté. Dans une première partie, on s’interroge sur la place théorique et réelle des communaux au XVIIIe siècle, sur l’application dans la province des édits royaux, sur les problèmes juridiques posés aux communautés d’habitants et aux seigneurs par les communaux. La deuxième partie est consacrée aux communaux comme pièces indispensables du système agraire au XVIIIe siècle. Le rôle emblématique, identitaire de ces espaces particuliers, leur place dans les mentalités collectives retiennent d’abord l’attention. L’importance économique et sociale est étudiée ensuite. L’élevage nécessaire ne pouvait exister dans des terroirs voués à la céréaliculture sans les communaux. L’opposition entre les nantis qui avaient besoin des parcours pour leur bétail et les pauvres qui auraient voulu travailler quelques lopins des communaux est exacerbée par la forte densité démographique à la fin de l’Ancien Régime. Aux XIXe et XXe siècles, dépopulation et lent boisement transforment les campagnes. Jusqu’aux années cinquante, le pâturage se maintient. À ce moment-là, une autre agriculture s’installe : quelques rares paysans, dans des villages dépeuplés, sont devenus uniquement éleveurs de vaches montbéliardes en vue de la fabrication de comté. Le boisement a recouvert tous les sommets, toutes les pentes et une partie des communaux. Un projet Natura 2000 se met en place, qui devrait préserver 1 500 hectares de « pelouses sèches », dernier vestige des communaux.