1 décembre 2011
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Bénédicte Abraham, « Les journaux (1933–1945) et LTI de Victor Klemperer (1881–1960) : les possibles stratégies de résistance au langage nazi », Textes et contextes, ID : 10670/1.d1e8f3...
Victor Klemperer (1881-1960), philologue juif allemand, spécialiste des Lumières françaises de 1920 à 1933 titulaire de la chaire de romanistique à l’Université Technique de Dresde, est devenu, peu après la publication de ses journaux en 1999 et leur traduction en français parue en l’an 2000, l’emblème de la clairvoyance, de la pertinence et de la résistance face au langage nazi. Le journal qu’il va tenir assidûment pendant toutes les années du nazisme devient un espace subversif d’écriture résistante dont le propos qui suit souhaite montrer quelques caractéristiques qui rendent compte du fait que, même si les tentatives de musellement sont nombreuses et souvent décourageantes, certaines stratégies de résistance visant à échapper à l’emprise pernicieuse de la langue nazie ne sont pas impossibles. Résister n’a pas seulement été pour Victor Klemperer une attitude psychologique ; il a aussi voulu en faire un acte éthique, une véritable lutte de l’esprit et de la réflexion critique contre la tyrannie sanguinaire des lois raciales et le triomphe de la seule force. Son principe de résistance va consister à attaquer l’inhumain à sa source, c’est-à-dire à s’en prendre à la langue par et dans la langue elle-même en gardant toujours à l’esprit la recherche d’un parler vrai, juste et précis.