« Vol sacrilège et règlement de comptes entre voisins.: Sienne 1730 »

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2021

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Marie Lezowski, « « Vol sacrilège et règlement de comptes entre voisins.: Sienne 1730 » », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.d1ke7o


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Du cœur des affrontements européens, les conflits autour des ornements catholiques sont peu à peu relégués à une chronique criminelle à bas bruit, quotidienne et répétitive. Pourtant, le discours très violent de l’Église catholique à l’encontre des profanations du sacré (crime de lèse-majesté, « délit exécrable ») ne disparaît pas avec la résolution des troubles religieux. Le droit canon continue à s’appuyer sur le Décret de Gratien (vers 1140) pour qualifier de « sacrilège » la volonté retorse de violer le sacré, visant un lieu, une personne ou une chose vouée à Dieu. Si la menace d’une contagion réformée de l’Italie devient de moins en moins crédible au cours du XVIIe siècle, qui sont désormais les violateurs hérétiques du sacré désignés à la vindicte collective ? Une telle question peut s’apprécier à partir des représentations qui continuent à colporter les méfaits de sacrilèges non catholiques (juifs, musulmans et protestants) à la réalité historique plus ou moins avérée, et par les sources judiciaires, qui identifient surtout des catholiques. Le changement de la seconde modernité qui est le sujet central de ce chapitre n’est pas la laïcisation progressive du sacrilège par la justice criminelle, mais, devant tous les tribunaux, la mutation de l’identité des coupables, fantasmée par des représentations collectives et vérifiée dans les procès par le fait des priorités répressives. Le nouveau n’efface pas l’ancien, le sacrilège ayant ce pouvoir d’accumuler les menaces : aux vieux ennemis non catholiques, qui demeurent, s’ajoutent les nouveaux ennemis de l’intérieur. Dans la langue de l’Inquisition, la foi catholique de l’impie, loin d’atténuer la gravité de ses actes exécrables, l’aggrave et atteste l’universalité potentielle de l’hérésie ; elle rend primordiale sa comparution au for de la conscience, avant la sanction de son crime par le tribunal pénal. Cette menace universelle est cachée. Les sacrilèges redoutés à partir du XVIIe siècle n’agissent pas au grand jour comme les militants du XVIe siècle, mais furtivement, en se dissimulant parmi les brebis. Les « faux prêtres » dérobent les vases et profanent le sacrement de la communion sous des noms d’emprunt, les voleurs font effraction de nuit dans les églises.

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