2020
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Nicolas Cambon, « De l’horreur à la méthode dans les savoirs sur l’anthropophagie ? Anglais et Français face au « cannibalisme » néo-zélandais (1769-1840) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d2287b...
Lors de son premier passage le long des côtes néo-zélandaises, James Cook conclut à l’anthropophagie des habitants des lieux – les fameux Maoris – sans pour autant l’observer directement. L’affirmation a un grand retentissement en métropole : philosophes et savants nourrissent en effet des doutes sur l’existence des cannibales. Cette suspicion perdure et Cook, ainsi que les voyageurs qui s’aventurent après lui en Nouvelle-Zélande, ont à se justifier d’avoir bel et bien rencontré des « mangeurs d’hommes ». Au-delà de cette polémique, naît surtout une controverse portant sur les causes de la pratique : est-elle le produit de la faim, d’une vengeance guerrière ou bien d’un goût particulier pour cette viande ? Cet intérêt d’alors, pour un sujet suscitant crainte, indignation, pitié ou encore dégoût, permet à l’historien d’interroger le rôle, trop souvent éludé, des affects dans le façonnement d’un savoir scientifique.