Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/altIdentifier/hdl/2441/2jodm3rjv58d29m4gl3c1nj8sj
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Adeline Gueret et al., « Une évaluation exploratoire de la dette climatique », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.d2u4up
Le processus de coopération internationale pour lutter contre le dérèglementclimatique a essuyé plusieurs revers depuis la signature des Accords de Paris en 2015 etla question des responsabilités respectives n'est toujours pas tranchée. La problématique sous-jacente, à savoir comment partager les efforts pour atteindre la neutralitécarbone, est toujours en suspens et l'approche par les contributions déterminées auniveau national (INDCs en anglais) n'en a pas encore permis la résolution.Ces dernières années, le concept de budget carbone s'est imposé comme l'un desplus efficaces pour objectiver la contrainte climatique. Il repose sur l'idée que seule unequantité limitée d'émissions de carbone peut être relâchée dans l'atmosphère si l'onveut limiter la hausse de la température mondiale à +2°C par rapport à l'ère préindustrielle, et dans la mesure du possible à +1,5°C, comme décidé lors des Accords de Paris.En comparant ce à quoi notre budget carbone nous engage à ce qui est fait pourréduire notre empreinte carbone, nous calculons une distance à cette contrainte climatique. Exprimée en euros, cette distance, dénommée dette climatique, évalue ce quenous ne payons pas en reportant la mise en œuvre de mesures d'atténuation. En utilisant plusieurs règles de répartition de l'effort, et reconnaissant qu'elles ne font pasencore l'objet de négociations ni de consensus sur comment y parvenir, nous calculonscette dette climatique pour les principaux pays de l'UE.Trois recommandations de politiques publiques émergent de ce travail. Premièrement, il ne reste plus que quelques années avant que les principaux pays européensaient épuisé leur budget carbone compatible avec la cible de +2°C. Concernant celle de+1,5°C, la majorité des pays de l'UE ont déjà épuisé ce budget et sont donc en situationde déficit climatique excessif. De plus, la dette climatique apparaît comme l'un desenjeux majeurs des décennies à venir dans la mesure où elle représente déjà plus de50 % du PIB de l'UE si l'on prétend rester sous la barre des 2°C de hausse de température (120 % pour rester sous celle des +1,5°C). Enfin, les résultats de notre étude sontsujets à de nombreuses hypothèses, à la fois éthiques et techniques, qui appellent à unapprofondissement de cette évaluation, primordiale pour les politiques environnementales, de la part des institutions publiques et de centres de recherche indépendants.