23 mai 2019
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Swanie Potot, « Le contrat social à l'épreuve des migrations », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d37f75...
Au cours des dernières décennies, l’orientation des politiques sociales a profondément évolué etla notion de contrat social s’est vue revisitée pour devenir normative. Ce que certains appellent l’Etatsocial actif repose en effet sur une perspective renouvelée, qui conçoit l’aide sociale dans une relationindividualisée et contractualisée entre des sujets et l’Etat protecteur (Vielle, Pocher et Cassiers, 2005).Avec la récession des moyens de l’Etat social, les agents des services sociaux sont conduits à faire letri entre ceux qui méritent l’assistance publique et ceux qui sont soupçonnés de profiter d’un systèmed’assistanat aujourd’hui dénoncé par les tenants du néo-libéralisme (Frigoli, 2007). La notion decontrat intervient dans cette logique : elle engage les bénéficiaires de l’aide sociale et sert l’exclusiondes usagers qui se montreraient indignes des subsides de l’Etat.Le chapitre qui suit entend décrypter ce processus dans le domaine de l’immigration et de sa gestionpar les pouvoirs publics. Revenant sur l’après-guerre et la résorption des bidonvilles dans les annéessoixante et soixante-dix ainsi que sur les politiques d’intégration qui ont suivi, on montre comment onest passé d’une administration de vastes groupes sociaux à une gestion au cas par cas. Une enquête deplusieurs années menées auprès de migrants roumains dits Roms en France éclaire la façon dont l’Etatnégocie aujourd’hui son soutien dans une relation personnalisée, en fonction des garanties offertes parchaque famille, tout en rejetant la majorité hors de son rayon d’action. C’est la question de la relationentre l’Etat-nation est ses immigrés –des étrangers de l’intérieur- qui est posée en toile de fond.