2012
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Anne Duprat, « Jeux de la ruse et du hasard :l’illusion en question dans le théâtre comique de Cervantès (1615) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d4585b...
Quel rôle jouent la ruse et sa représentation dans le procès fait au réel par la dramaturgie baroque ? La mise en scène des ruses du destin, notamment sous la forme de la prophétie auto-réalisatrice dans le théâtre européen des années 1580-1630 repose tout d’abord sur le partage entre l’auteur et son public d’une croyance, et d’une attente : c’est en animant l’univers représenté, en prêtant à celui-ci une infinie faculté de tromper avec laquelle les personnages, surestimant leur propre intelligence, tenteront en vain de rivaliser, que l’on peut profiter au mieux du spectacle de leur désillusion finale. Ainsi, l’effet de dévoilement qui accompagne la réussite ou l’échec final des ruses ourdies par les hommes dans une intrigue bien faite semble renforcer paradoxalement l’idée d’une cohérence de cet univers, en même temps que le pouvoir signifiant du théâtre qui l’expose dans sa vérité.De là l’intérêt des dramaturgies expérimentales, développées contre une esthétique dominante et/ou ressentie comme plus fonctionnelle, à l’image du théâtre de Cervantès au moment du règne sans partage de la comedia nueva mise au point par Lope de Vega en Espagne. En s’appuyant sur le traitement des ruses et des stratagèmes dans trois des Huit comédies […] jamais représentées du recueil de 1615, on s’interrogera sur la pratique chez Cervantès d’une forme de distanciation esthétique qui viserait, par la rupture d’un protocole fictionnel admis, à attirer l’attention sur la nature de l’illusion qu’il peut produire.