11 décembre 2024
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Sabine Guth, « Architecture et projet (de l')urbain à l'aune de trois concepts opératoires dans la fabrique récente de la ville : la densité, la mobilité, le logement », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d53aa7...
La reconstruction de la relation entre l'objet architectural et l'espace urbain a été l'un des enjeux majeurs de la recomposition post-moderne de l'urbanisme. Dans le contexte de généralisation de l'urbanisation et d'interrogation de la condition urbaine des dernières décennies du XXe siècle, cette question a fait l'objet d'un travail d'invention et de conceptualisation, associé à un nouvel instrument, le projet urbain. Puis, alors que s'est progressivement développé un urbanisme de projet, cette articulation, clé de l'élaboration des formes urbaines et d'une approche transcalaire permettant d'aborder les problématiques socio-environnementales écosystémiques, a évolué à travers des pratiques peu écrites, en marge des réflexions théoriques et critiques. Cette thèse sur travaux interroge la façon dont ces relations entre architecture et projet urbain ont été envisagées en France et plus généralement en Europe depuis les années 1980, en actualisant des recherches portant sur trois thématiques déterminantes de cette interface et des cadres programmatiques et opérationnels de l'urbanisation contemporaine : la densité, la mobilité et le logement. Leur reexamen met à jour le rôle discret d'un "projet urbano-architectural" - concept emprunté à Europan pour définir une échelle de conception entre le projet urbain large et l'objet, et désigner toute architecture qui se fait part intrinsèque d'un projet d’urbanisation, en se saisissant des problématiques de conception d’espace public, de paysage, de territoires et des infrastructures -, qui renvoie à un espace de réflexion essentiel, versé dans une culture commune. Ce travail permet d'en identifier des conditions et des ressorts, et montre en particulier combien cet espace de jeu urbano-architectural est façonné et délimité par certaines "fictions" qui, opérant à partir de catégorisations réductrices, souvent binaires, coincident peu avec les réalités multiples et complexes des situations de projet. La recherche contribue à forger ces fictions, mais elle permet aussi leur dévoilement. Cette relecture montre ainsi comment la fabrique des formes urbaines est normalisée par le dogme récurrent de la densification, mobilisé hier au titre de la modernisation des modes de vie, aujourd'hui dans la perspective de la ville durable, à travers une instrumentalisation de l'architecture. Elle éclaire aussi les effets sur la morphologie de l'espace urbain de la primauté donnée aux flux dans le cadre de la métropolisation des territoires, tout en soulignant les potentialités de (re)négociation de la nature et du statut des espaces ouverts offerts par les nouveaux paradigmes de la mobilité. Elle donne enfin à voir la place des normes et du jugement de goût dans le projet de logement et celui de l'urbain qui lui est associé, ainsi que dans leur réception critique, questionnant plus largement les enjeux et la place de l'expérimentation dans la fabrique urbaine. Partant du constat que le caractère diffus du projet urbano-architectural, et la difficulté à le saisir, le mettre en oeuvre et le transmettre, ont conduit à refermer certains champs d'exploration, cette thèse suggère que le concept de projet urbano-architectural gagnerait à être mieux visibilisé et défini pour devenir un réel outil critique, avec des fondements théoriques et pratiques susceptibles d’être débattus et transmis