2023
http://hal.archives-ouvertes.fr/licences/publicDomain/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Adrienne Boutang, « Interdit d’interdire ? Euphémiser l'obscène.: Étude discursive de l’usage du terme « obscène » et de ses dérivés par les instances censorielles cinématographiques aux États-Unis. », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d57c0d...
L’obscénité ne figure plus, en apparence du moins, parmi les préoccupations des censeurscinématographiques nord-américains contemporains. S’ils apparaissaient en bonne place dans les versions différentes du Production Code qui régulait l’industrie cinématographique aux États-Unis jusque dans les années 1960, le terme « obscène » et ses divers dérivés semblent avoir largement disparu du vocabulaire de l’organisme de régulation cinématographique à partir de 1968. Pourtant, si le mot a disparu, la notion demeure, évoquée sous des formes différentes allant de la périphrase à la litote. Cet article s’intéresse donc au « discours des censeurs » dans le champ cinématographique nord-américain. Il examine plus précisément les modalités et les raisons – notamment l’impasse de sa définition juridique – de cette éviction du terme « obscène » du vocabulaire des censeurs. Cette analyse vise à mettre au jour,entre le Hollywood « classique » et l’industrie contemporaine, la permanence masquée sousl’apparente libéralisation des moeurs et des représentations : une logique de polissage de la rhétorique censorielle, qui tend à éviter de nommer trop nettement ce qu’elle vise à prohiber. Mais aussi une évolution, manifestant que la censure, qui prend d’ailleurs désormais le nom de classification, se doit désormais d’avancer à visage couvert, en adoptant une rhétorique libérale bien différente de la prohibition et de la moralisation explicites qui régnaient aux temps du Code Hays.