2022
Cairn
John Preston, « Gestalt Epistemology: From Gestalt Psychology to Phenomenology in the Work of Michael Polanyi », Philosophia Scientiæ, ID : 10670/1.d5bl4h
La Gestaltpsychologie de la perception, a été l’une des principales inspirations du travail philosophique du polymathe hongrois Michael Polanyi. Voyant les scientifiques et les philosophes reculer devant ses implications, il a proposé au contraire de prendre ces implications au sérieux. Je détaille ici comment il a procédé pour le faire, de trois manières ; cela a débouché sur sa théorie du « savoir tacite », qui peut être considérée comme une épistémologie de la Gestalt, car elle prend la relation figure/fond comme modèle de toute connaissance. Polanyi a voulu que son épistémologie de la Gestalt soit appliquée à grande échelle. Je montre qu’elle a pu être appliquée avec plus ou moins de succès selon les domaines, et donc que Polanyi avait tort de penser qu’ils présentent tous un modèle commun. Le travail épistémologique de Polanyi l’a mené à « cotoyer » la phénoménologie. Il a comparé son projet aux travaux de Husserl et de Merleau-Ponty de manière positive. Mais, bien qu’il ait montré son intérêt pour la méthode phénoménologique et qu’il ait fortement soutenu ses conclusions antiréductionnistes, il a reproché aux phénoménologistes leur vision positiviste ou mécaniste des sciences naturelles. Il a par la suite développé une métaphysique ou une ontologie qu’il considère comme allant au-delà de la phénoménologie. Cependant, Polanyi a parfois suivi certains phénoménologistes dans leur approche existentialiste, jusqu’à leurs conclusions sur le sens et sa « destruction », et jusqu’à son récit connexe des différents degrés ou niveaux de « indwelling ». Je conclus en soutenant que, Polanyi a extrapolé avec excès les résultats de la Gestaltpsychologie, ce qui finit par poser un problème.