18 janvier 2024
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Oriane Chevalier, « Jeanne Barret, Hester Stanhope et Alexandra David-Néel : Les exploratrices au prisme du passing », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/trans.9058
Cet article propose une étude comparatiste du passing de trois exploratrices : Jeanne Barret, Hester Stanhope et Alexandra David-Néel. Le passing de genre, de classe ou d’ethnie permet à ces trois femmes de se forger des postures indispensables pour mener à bien leurs missions scientifiques respectives de botaniste, d’archéologue et d’ethnologue. Ces exploratrices franchissent les interdits pour s’imposer en véritables pionnières : Jeanne Barret se déguise en homme et devient la première femme à faire le tour du monde ; Hester Stanhope et Alexandra David-Néel multiplient les déguisements et sont les premières femmes occidentales à atteindre respectivement Palmyre et Lhassa. Accueillant l’altérité en elles le temps de leur imposture, les trois exploratrices enfouissent leur identité d’origine pour véritablement incarner l’autre. Le passing ne saurait donc se réduire à une technique de soi puisqu’il repose sur une parfaite connaissance de l’autre et souvent sur la complicité de cet autre pour préserver l’imposture. Incarner l’autre permet alors à l’exploratrice de se libérer d’une partie d’elle-même afin de contourner des règles jugées injustes et ainsi satisfaire sa curiosité en plongeant dans l’inconnu. Il convient cependant de se demander comment se manifeste cet entrelacement d’identités dans l’écriture du passing. Oscillant entre tiraillement et cohabitation harmonieuse de ces différentes identités, l’exploratrice ne risque-t-elle pas finalement de se perdre dans l’autre ?