Du culte des reliques à celui du reliquaire, évolution des pratiques en Midi-Pyrénées (de la fin du XIXe siècle aux années 1960)

Résumé Fr

Le propos de cette communication n'est pas de revenir sur le contexte général du renouveau de la présentation des trésors opéré au cours du siècle dernier, mais de présenter des aspects inédits, ou de remettre en perspective les pratiques de restauration et de révélation de l'objet (le reliquaire) et son contenu (la relique), à travers des exemples choisis dans l'ex-région Midi-Pyrénées.Le renouveau du culte des saints dans le denier quart du XIXe siècle à travers quelques exemples midi-pyrénéens : de l'occulte à l'ostentatoireLe renouveau du culte des reliques dans le dernier quart du XIXe siècle prend de nombreux avatars dans le Sud-Ouest de la France. En Aveyron, le culte catholique encore très fervent trouve connaît une période faste sous l'évêque réformateur Mgr Bourret (1871-1896). Il insuffle un nouvel élan à plusieurs cultes locaux, dont celui de Conques est la vitrine. La découverte du coffre de Boniface en 1875 ravive les discussions sur l'authenticité des reliques de Conques, qui finira par être démontrée une fois de plus. Tous les arts sont convoqués pour embellir le trésor ; la commande et la restauration de reliquaires seront évidemment à l'honneur, mais l'évêque et ses collaborateurs utilisent également d'autres formes artistiques dans ce but.Les sociétés savantes commencent également à s'intéresser aux reliques et à leurs enveloppes. Plusieurs visites, rapports et procès-verbaux (de séances) attirent l'attention des érudits locaux sur des trésors. Dans le Tarn-et-Garonne, le chanoine Fernand Pottier entreprend le récolement et le prélèvement de nombreuses reliques (Montpezat-de-Quercy, Bouillac, Montauban...) ; sa curiosité est autant motivée par le culte que par l'intérêt d'art et d'histoire.Procès-verbal de l'authenticité des reliquaires, à l'appui de quelques exemples midi-pyrénéensSuite aux découvertes des années 1870 à Conques, on confie les travaux de restauration délicats et de création de nouveaux ornements à l'orfèvre parisien Placide Poussielgue-Rusand, récipiendaire presque exclusif des commandes de Mgr Bourret. Ses interventions sur les reliquaires de Conques constituent un jalon dans la doctrine de la restauration en cette fin de XIXe siècle. Les reliquaires de Conques, désormais présentés au public, sont peu à peu dépouillés de leurs reliques, tout au long du XIXe siècle, au gré des expositions universelles, procès-verbaux, translations... Les ossements, qui ne présentent guère d'intérêt que pour le culte, sont éclipsés au profit des objets d'art que l'on découvre à l'intérieur des reliquaires : textiles, pierres dures... On crée pour eux de nouveaux dispositifs de présentation, du reliquaire-monstrance à la vitrine.Un dernier aspect de l'évolution du culte du reliquaire en Midi-Pyrénées sera étudié à travers les « inspectorats » de Jean Taralon (1946-1957) et Georges Costa (1957-1966), dans le cadre de leurs fonctions exercées en Midi-Pyrénées. L'action remarquable de ces deux inspecteurs en matière de révélation et de présentation de trésors a déjà été soulignée ; cette politique a nécessité de très importants travaux de restauration des objets (Toulouse, Conques, Bouillac, Saint-Betrand-de-Comminges...). La documentation de leur collaboration étroite avec Lucien et Jean-Claude Toulouse, orfèvres parisiens, permet d'étudier les méthodes de restauration au milieu du siècle dernier : le culte ultime de l'objet et sa révélation justifient... son dépouillement.