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Simon Bittmann, « Le temps du crédit : Endettement et stratification sociale en Illinois dans les années 1910 », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.1017/ahss.2020.124
Le temps du crédit : Endettement et stratification sociale en Illinois dans les années 1910 Cet article étudie les pratiques d’agences offrant aux travailleurs américains la possibilité d’accéder à des liquidités sur la base de leurs futurs revenus. L’historiographie a tour à tour associé ces prêts aux classes moyennes naissantes et à un crédit « moderne » ou à la classe ouvrière, associant la dette à la gestion d’urgences. Les données analysées, qui portent sur l’Illinois des années 1910, mettent plutôt en évidence trois types d’attitudes à l’égard du temps économique : à celui contraint des dettes pressantes s’oppose celui de la gestion budgétaire quotidienne et, enfin, celui de l’investissement. Loin de faire du crédit le marqueur d’une appartenance de classe et de dispositions économiques a priori , l’auteur considère l’attribution du crédit comme une épreuve de stratification. Ce prisme permet de dégager trois pôles au sein de l’espace social : un groupe modal et deux groupes extrêmes. Le premier est constitué d’ouvriers qualifiés, d’artisans et de salariés du public pour qui ces prêts représentent un substitut liquide et contractualisé au crédit affecté ou interpersonnel ; le deuxième est associé aux manœuvres et aux domestiques, à des faibles montants et à une forme d’instabilité salariale ; le troisième fait apparaître un crédit commercial, d’investissement ou destiné à couvrir des imprévus, octroyé à des salariés supérieurs et à des propriétaires de commerce. Cependant, ces trois groupes ne peuvent être statistiquement associés aux attitudes temporelles mises en exergue, ce qui souligne la coexistence d’horizons économiques différents au sein de chaque classe d’emprunteurs.