2014
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Jacques Bouveresse, « L’Autriche de Wittgenstein », Austriaca : Cahiers universitaires d'information sur l'Autriche (documents), ID : 10670/1.d6kalv
L’Autriche de Wittgenstein. Wittgenstein a dit dans une remarque de 1929 que ce qui est bon dans ce qui est autrichien («das gute Österreichische») était particulièrement difficile à comprendre et d’une subtilité plus grande que toute autre chose. C’est une remarque que l’on peut être tenté, assez naturellement, d’appliquer à son propre cas, tellement il semble lui-même difficile à comprendre et a été, du reste, convaincu, du début à la fin de son itinéraire philosophique, qu’il n’avait à peu près aucune chance de réussir à se faire comprendre. La question que l’on s’est posée est celle de savoir dans quelle mesure, en dépit de ce qui semble aller à l’encontre de cette idée, on peut parler de quelque chose en lui qui était et est resté véritablement autrichien (au bon sens du terme). Il a, il est vrai, été souvent décrit comme ayant été du début à la fin de sa vie un exilé et un étranger, et comme l’ayant été déjà d’une certaine façon presque autant dans son pays d’origine, pour ne rien dire du fait que, comme il l’a indiqué lui-même, il l’était aussi du point de vue chronologique, autrement dit, ne considérait pas non plus comme la sienne l’époque où il s’est trouvé contraint de vivre et aurait plutôt choisi, de préférence à elle, celle de Schumann. Mais on a souvent fait remarquer également qu’il peut y avoir justement, comme en témoigne notamment le cas de la littérature, quelque chose de typiquement autrichien dans une certaine façon, pour un Autrichien, de ne pas se considérer comme