La sensation dans le processus visionnaire de la création chez Virginia Woolf

Résumé Fr En

Cette étude privilégie une étape originaire du processus créateur qui est celle de la vision, envisagée dans un contexte non pathologique. L’analyse de ce voir spécifique va dans le sens des indications de Lacan concernant le « dépôt du regard » dans l’expérience esthétique. La position qu’occupe alors le sujet hors langage, en deçà de la signification, conditionne l’émergence d’un événement de langage inédit, dont l’acte poétique est l’accomplissement par excellence.Le cas de Virginia Woolf s’offre de façon exemplaire pour dégager les éléments structuraux d’un procès qui s’organise autour de la sensation. Ce procès, de nature traumatique, est ramassé dans la temporalité explosive de l’instant comme « moment d’être » susceptible de déboucher sur une invention métaphorique. Ce moment visionnaire dont témoigne aussi Cézanne permet de saisir à l’état naissant une connexion du réel et du symbolique.

This paper focuses on the preliminary step in the creative process : that of vision, considered in a non-clinical context. The analysis of this specific « act of seeing » follows Lacan’s indications concerning the « laying down of the gaze » in the aesthetic experience : the subject’s position, outside the realm of language and unconcerned with meaning, conditions the advent of a totally new language, of which the poetic act is the ultimate accomplishment.Virginia Woolf is a perfect example for analyzing the structural components of a creative process centered on sensation. This process, of a traumatic nature, is condensed in the explosive temporality of the instant as « moment of being », liable to open unto metaphorical inventions. This visionary moment, also described by Cézanne, enables us to grasp, in its nascent state, the link between the Real and the Symbolic.