2014
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Marc Renneville, « SCIENCEPEINE. Sciences, savoirs et politiques de l’exécution des peines en France (1911-2011). Compte-rendu de fin de projet », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.d7alm0
Sciences de l’homme et justice pénale : une réponse plurielle à une question restée hors champ de l’histoire de la justice. Les politiques pénales et pénitentiaires du XXe siècle ont été marquées par une interaction jusqu’alors inédite avec les sciences de l’homme. Alors que la science pénitentiaire était au XIXe siècle une science de juristes et de doctrinaires dont l’objet était la détermination du meilleur régime de détention pénitentiaire, les débats politiques, criminologiques, judiciaires et pénitentiaires du XXe siècle ont souvent été dominés par la question des « mesures de sûreté », des « sentences indéterminées » établies en fonction de la personnalité des délinquants. Portées par l’essor des sciences de « l’homme criminel » du dernier tiers du XIXe siècle, ces nouvelles mesures concernent toutes les catégories de détenus, mineurs et majeurs, aliénés et récidivistes, et sont à l’origine de nombreux discours et d’expérimentations pénales. Sciencepeine avait pour objectif de saisir cette évolution du champ des sciences et des savoirs de l’exécution des peines en France dans une perspective historique par la constitution d’une équipe interdisciplinaire rassemblant historiens, ethnologues, démographes, archivistes-documentalistes et informaticiens. Notre programme s’appuie sur une production critique des chiffres de l’exécution des peines (statistiques pénitentiaires) et privilégiait quatre axes thématiques : la justice des mineurs, la lutte contre la récidive, la réforme pénitentiaire et la place de la psychiatrie dans l’individualisation de la sanction pénale. Un projet conjuguant démarche historique et humanités numériques.Sciencepeine visait à produire une contribution significative à la mise au jour des interactions complexes entre les sciences de l’homme et l’évolution de l’exécution mais aussi à faciliter les travaux à venir dans le domaine en produisant des outils de recherches et des corpus documentaires en libre accès. La méthodologie retenue relevait donc d’une démarche historique au sens large (recherche archivistique, dépouillement d’imprimés, recueil de témoignages, élaboration de bases de données…) enrichie par une réflexion collective sur les prolongements numériques de la recherche. Cette réflexion a été entreprise en coopération avec le CESDIP et le centre de ressources historiques de la médiathèque de l’ENAP. Elle a abouti à la mise au point de solutions originales pour traiter les corpus textuels et statistiques (legistude, statpen).Résultats majeurs du projetSciencepeine a permis la mise à disposition en libre accès sur la plateforme Criminocorpus d’un important corpus documentaire : le code des prisons (1670-1967), les rapports annuels de l’éducation surveillée (1947-1966) et les rapports annuels de l’administration pénitentiaire (1945-1991) totalisent plus de 22 000 pages ; une large part de la statistique pénitentiaire du XXe siècle (plus de 12 millions de chiffres) ; l’ordonnance du 2 février 1945 sur la justice des mineurs, consultable de 1945 à nos jours dans toutes ses versions ; une recension chronologique de toutes les textes législatifs relatifs à la récidive pénale ; 7 expositions virtuelles thématiques (bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie, les prisons de Paris, le grand banditisme…), la captation vidéo du séminaire d’équipe et enfin, la première visite virtuelle en France d’une prison (Le Havre). Cette somme documentaire unique a servi de base à diverses publications originales