19 octobre 2021
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Laurent Alibert, « Le fantastique comme réponse au réel : La Bèstio de d’Arbaud et le mythe lovecraftien face au déclin civilisationnel », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.d84946...
Joseph d'Arbaud publie La Bèstio dóu Vacarés en 1926, une année avant qu'Howard Phillips Lovecraft ne fasse paraître The Colour out of Space (dans le numéro de septembre du pulp Amazing Stories, vol. 2 ; n°6), qu'il achève The Dream-Quest of Unknow Kadath, mais également cinq ans avant la parution de The Shadow over Innsmouth. Pourquoi vouloir rapprocher le meilleur prosateur du Félibrige et peut-être de la littérature occitane du XX e siècle avec l'inventeur américain du récit moderne d'horreur ?En fait, bien des choses rapprochent ces deux écritures : tout d'abord, La Bèstio dóu Vacarés partage avec les trois récits de Lovecraft cités ici une authentique science du storytelling, où le lecteur est véritablement happé, non par une intrigue, mais par une atmosphère, très liée à une attention extrêmement soutenue au pouvoir des lieux, à la dimension géographique de l'imaginaire. La Camargue de d'Arbaud offre au lecteur une expérience d'accompagnement spatial des déplacements du protagoniste d'une puissance d'évocation qu'on ne retrouve à un tel niveau que dans les géographies à la fois profondément « vécues » et terreau d'une littérature de l'imaginaire, comme peut l'être la Nouvelle Angleterre de Lovecraft.