Le spéculateur en faillite dans les romans français et américains depuis la fin du XIXe siècle : Zola, Némirovsky, Wolfe, DeLillo

Résumé 0

A une époque où la société civile pointe du doigt les traders qui, par la spéculation, favorisent la survenue de crises économiques, où la crise du Covid ou encore la guerre en Ukraine rendent très incertaines les évolutions des valeurs sur les marchés financiers, et alors que le changement climatique en cours suscite un imaginaire apocalyptique et collapsologique, nous analysons dans ce mémoire les implications éthiques, systémiques et représentationnelles que comporte la mise en récit de la faillite du spéculateur dans le roman français et américain depuis la fin du XIXe siècle. Dans notre analyse comparée de L’Argent de Zola, de David Golder d’Irène Némirovsky, du Bûcher des Vanités de Tom Wolfe et de Cosmopolis de Don DeLillo, notre ambition est de montrer que la narratologie de la faillite du spéculateur, qui propose au personnage un itinéraire existentiel favorisant son rachat ou la reconquête d’une identité authentique, révèle les failles d’un système économique capitaliste masculiniste et la corruption de l’idéal démocratique en œuvre à plusieurs époques. La représentation de ce système politico-économique en crise met en faillite les réalismes (ou le postmodernisme) de nos auteurs, qui peinent à représenter l’opacité des opérations financières, préférant (ou non) soustraire la marchandise qu’est leur roman aux impératifs de la finance.