2012
Cairn
Judith T. Irvine, « Keeping Ethnography in the Study of Communication », Langage et société, ID : 10670/1.d8prun
Maintenir l'ethnographie à l'étude de la communicationLe programme proposé par Dell Hymes pour l’ethnographie de la communication est illustré dans ce texte par une étude de cas tirée d’une recherche menée en milieu rural wolof au Sénégal dans les années mille neuf cent soixante dix et quatre vingt. Comme le proposait Hymes, l’étude du langage comme action sociale devait aller au-delà de la linguistique. L’étude décrit ainsi les registres linguistiques wolofs ; elle les met en rapport plus largement avec l’organisation des conduites en tant qu’elles sont des pratiques communicationnelles – ceci pour illustrer ce sur quoi porte le terme de communication dans l’expression ethnographie de la communication. Pour ce qui en est du mot d’ethnographie, l’argument est méthodologique ; il montre qu’il faut aller au-delà des seuls entretiens. Les entretiens dans le cas étudié n’auraient pas révélé comment l’organisation des pratiques linguistiques wolof diverge des descriptions normatives et métapragmatiques des interlocuteurs consultés. De telles descriptions représentent des stéréotypes culturels, auxquels ils se réfèrent d’une façon ou d’une autre ; mais les stéréotypes ne sont pas un compte rendu (account) de la pratique. Une approche ethnographique impliquant un engagement prolongé est nécessaire pour découvrir les principes qui sous-tendent les pratiques réelles et la manière dont la conduite de quelqu’un, dans des circonstances concrètes, est interprétée par ses semblables. Ces arguments sont en accord avec le projet de Hymes ; mais le texte prend aussi en compte certains points problématiques (par exemple la notion de « communauté » chez Hymes), et les raisons pour dépasser l’étude « du langage en situation culturelle et sociale » (language in culture), ce qui caractérisait l’époque de Hymes, et se tourner vers les conceptualisations nouvelles de l’idéologie langagière.