Benoit Boutefeu et al., « Le métier de forestier : entre rationalité et sensibilité », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.d8y72o
Quel regard portent les sciences humaines et sociales sur la profession de forestier à l'Office national des Forêts ? Sur un plan historique, la tentation technocratique et l'assurance technicienne de certains forestiers durant les Trente Glorieuses ont rencontré l'opposition des écologistes. Les positions du corps forestier se sont alors assouplies et des thèmes comme l'écologie ou plus largement l'environnement font désormais partie de la rhétorique et de la panoplie forestière. Aujourd'hui, une recomposition du métier de forestier s'opère. Si certains caressent encore le rêve d'une foresterie rationnelle et objectivable, d'autres veulent assumer une subjectivité ou une sensibilité dans la conduite des peuplements. Par ailleurs, l'identité forestière, qui puise ses racines dans l'histoire des Eaux et Forêts, est également en mutation : des marqueurs sociaux, des rituels et des attributs continuent à incarner des valeurs communes et partagées mais ils perdent de leur charge symbolique. L'établissement, en pleine réforme financière, sociale et territoriale se retrouve face à ses contradictions. Les nouvelles demandes en forêt l'obligent à abandonner une vision exclusivement technico-économique de la forêt et à opter pour des discours plus accessibles.