2022
Cairn
Hans-Michael Trautwein et al., « 3. Le prêt en dernier ressort dans les unions monétaires : points de vue divergents des économistes allemands aux XIXe et XXIe siècles », Cahiers d'économie politique, ID : 10670/1.d98u5r
Les interventions de la Banque centrale européenne en tant que prêteur en dernier ressort portent particulièrement à controverse en Allemagne. La principale préoccupation des critiques formulées est une prétendue tendance à créer un aléa moral du côté des emprunteurs publics et privés au sein de l’Union monétaire européenne. Cela contraste avec les opinions dominantes parmi les économistes allemands à l’époque de l’étalon-or classique, lorsque l’Empire allemand nouvellement fondé avait fusionné les zones monétaires des différents royaumes pour établir une union monétaire. D’éminents experts et conseillers politiques, tels que Erwin Nasse, Adolph Wagner et Friedrich Bendixen, faisaient valoir que, compte tenu des coûts de dysfonctionnement du système bancaire, l’aléa moral ne devait pas constituer un problème majeur en période de crise. Dans leur analyse des débats britanniques opposant la Currency School à la Banking School, les commentateurs allemands remettaient en question la crédibilité et la soutenabilité des règles strictes de politique monétaire durant les crises bancaires. Certains d’entre eux avaient même développé une approche évolutionniste selon laquelle l’intégration monétaire est poussée par les marchés financiers et selon laquelle le prêt en dernier ressort devient constitutif du système de banque centrale, en particulier dans le cadre d’une union monétaire. Cet article compare ces points de vue allemands d’une période plus ancienne à propos du prêt en dernier ressort avec le discours dominant de la période actuelle et explore les raisons possibles de telles divergences.Codes JEL : B15, E58, G01