10 avril 2025
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Pierre Jacquemot, « Est de la RD Congo convoitises des voisins, groupes armés et prédation minière », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.d9c68d...
La violence que connaît depuis trente ans l’est de la République démocratique du Congo « fait système », celui d’une « économie politique de la prédation ». Elle repose en partie sur la valorisation frauduleuse de la rente tirée de l’exploitation et de l’exportation de l’or, de l’étain, du tantale et du tungstène, sous le contrôle d’abord de forces armées, étatiques ou non étatiques, puis sous celui de trafiquants qui les conduisent vers les circuits d’exportation d’abord au Rwanda et en Ouganda, puis en Asie et en Europe où ils trouvent un débouché dans des industries stratégiques (défense, aéronautique, numérique). Les tentatives pour « moraliser » ce système avec la mise en œuvre de normes de régulation, comme la traçabilité, se heurtent à diverses stratégies de contournement/détournement des acteurs des filières concernées. Ils leur enlèvent une partie de leur efficacité. Les drames récurrents sur le plan humain, économique et environnemental qui se poursuivent ne sont pas à l’agenda international au même titre que d’autres conflits, en Europe ou au Proche-Orient. La recherche de solutions pour une paix durable suppose d’adopter une approche systémique capable d’appréhender les facteurs des conflits dans leur pluralité et leurs interconnexions. Un accord de non-agression entre la RD Congo et le Rwanda constitue un préalable, mais pas une fin en soi. Le texte esquisse un scénario de sortie de crise qui inclut un effort résolu visant à changer l’image du pays, à rétablir l’autorité de l’État et le monopole de l’usage de la force par les acteurs étatiques et à engager un dialogue avec l’ensemble des pays concernés de la région des Grands Lacs.