2019
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Cécile Chapelain de Seréville-Niel et al., « Mother and Child: Archaeological Evidence of Childbirth Complications in Medieval Normandy », HAL-SHS : histoire, ID : 10.1484/M.CURSOR-EB.5.115606
Mère et enfant : témoignage archéologique à partir de quelques cas d'accouchements problématiques en Normandie au Moyen ÂgeL'archéologie funéraire n’offre le plus souvent qu’une perception très partielle de la mortalité maternelle, c'est-à-dire de la mortalité féminine intervenant en cours ou en fin de grossesse, en cours d'accouchement ou au cours des suites de couches. Si les risques vitaux liés à la maternité sont souvent évoqués pour expliquer une surmortalité des jeunes femmes au sein des populations archéologiques, la rareté des cas observés dans la plupart des nécropoles médiévales est très probablement en contradiction avec la réalité vécue des populations de cette période. Les problèmes de la grossesse, de l'accouchement ou de ses suites immédiates sont fréquemment évoqués dans les sources iconographiques ou littéraires de la fin du Moyen Âge (traités médicaux ou scientifiques, récits de miracles…). Grossesse et délivrance future sont souvent synonymes d'angoisse et de souffrances, pouvant conduire à une issue fatale pour la mère ou l'enfant. L’estimation de la mortalité maternelle dans les populations inhumées est le plus souvent impossible à mesurer en raison des biais liés au contexte archéologique (conservation différentielle des ossements selon l'âge et le sexe ou la nature du terrain, modes d'inhumations variant selon les périodes ou le contexte funéraire, rural ou urbain, ignorance des effectifs des populations vivantes…). En archéologie, seuls les décès simultanés mère et enfant peuvent être identifiés comme des décès survenus lors d’une grossesse, d’un accouchement ou de ses suites et seuls les squelettes de femmes enceintes retrouvées avec un fœtus dans l’abdomen ou ceux d'accouchées décédées avec leur enfant presque simultanément et inhumées avec leur nouveau-né déposé dans la même tombe, au contact direct du corps maternel peuvent être pris en compte. Des exemples issus de plusieurs nécropoles médiévales normandes (léproserie de Saint-Thomas d’Aizier (XIIe-XVIe s.), cimetière paroissial de Saint-Gervais-Saint Protais de Courcy (XIe-XIVe s.), de Saint-Pierre de Darnétal (XIVe-XVe s.) permettent de retracer le déroulement de l'accouchement et les causes probables de son interruption ou de sa suite fatale, mais aussi d’aborder le sujet de la disposition des corps en sépulture et de la localisation préférentielle ou non de ces sépultures particulières au sein du cimetière.