Familles de papier : liens épistolaires sous le regard de l’administration pénitentiaire (France, années 1910-années 1930)

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2022

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Elsa Génard, « Familles de papier : liens épistolaires sous le regard de l’administration pénitentiaire (France, années 1910-années 1930) », Le Mouvement Social, ID : 10670/1.d9h6bk


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Cet article cherche à comprendre les effets du cadre carcéral sur le maintien des liens familiaux par voie épistolaire. La réglementation mise en place au cours du xixe siècle définit une liste de membres autorisés à écrire aux détenus. Ce faisant, elle impose des normes familiales qui font primer la parenté légale au détriment d’autres liens plus difficiles à authentifier. Passer du cadre réglementaire à son appropriation par les détenus montre toutefois que maintenir les liens n’est pas qu’une affaire de conformité au règlement. La répartition sexuée des rôles familiaux participe à modeler les relations épistolaires en prison. Les femmes condamnées sont confrontées à une double contrainte. La réprobation sociale née de leur condamnation est plus forte encore que pour les hommes. Mais, en tant que mères, épouses ou sœurs, elles restent en première ligne dans la relation épistolaire. Cette dernière est constamment fragilisée par la situation d’emprisonnement : le contrôle de l’administration fait courir le risque de censure, tandis que la condamnation elle-même transforme l’espace de la lettre en un lieu d’expression, précaire et fragile, d’une communauté de souffrances et d’humiliation par-delà les murs.

This paper endeavours to understand the effects of incarceration on the maintenance of family ties through letters. 19th century regulations defined a list of family members permitted to write to prisoners. In doing so, these rules established family norms that gave precedence to legal kinship to the detriment of other ties that were harder to prove. Moving from the regulatory framework to its appropriation by prisoners, however, shows that maintaining ties was not just a matter of compliance with the regulations. The gendered distribution of family roles shaped letter-writing relationships in prison. Female prisoners had to cope with a twofold constraint. The social stigma surrounding their convictions was even greater than for men. But, as mothers, wives or sisters, they remained at the forefront of the letter-writing relationship. The latter was constantly weakened by incarceration: supervision by the administration raised the threat of censorship, while the prison sentence itself transformed the letter into a precarious and fragile place of expression for a community of suffering and humiliation beyond the prison walls.

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