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Estelle Bertrand, « Les larmes de Scipion, la destruction des villes et la fin des empires dans l’antiquité : lectures antiques des catastrophes », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.dd3243...
Une tradition historiographique romaine rapporte que le vainqueur de Carthage en 146 av. J.-C., Scipion Emilien, fut pris de compassion devant la ville en flammes et que, faisant le rapprochement avec le destin de Troie, il s’inquiéta qu’un sort similaire pût frapper la ville de Rome alors florissante. Ce récit, dont l’origine remonte à l’historien grec Polybe, membre de l’expédition romaine conduite par Scipion Emilien, articulait le sac de la ville punique à une conception cyclique de l’histoire qui s’insinuait alors dans les milieux politiques et intellectuels romains. Encore rapportée textuellement au IIe s. ap.J.-C. par l’historien grec Appien d’Alexandrie, l’anecdote témoigne aussi de la permanence des mythes de destruction des villes dans les mémoires collectives, et de la symbolique de fin du monde qu’ils incarnaient. Le cas du sac de Rome par les Gaulois en 386 av.J.-C. en fut l’archétype, et il a fait l’objet d’une abondante bibliographie, récemment renouvelée par une étude plus globale des sacs de Rome dans l’Antiquité. Dans la lignée de ces études, on cherchera à confronter ces cas emblématiques dans l’histoire de l’Antiquité que sont les sacs, historiques ou métaphoriques, de Rome, Carthage, Corinthe, leur exploitation dans les milieux littéraires et/ou politiques et ce qu’ils révèlent des conceptions antiques de fin du monde.