2022
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Jessica de Largy Healy, « Les peintures sur écorce aborigènes comme « patrimoine religieux » ? Partager la responsabilité des collections historiques dans les expositions de musées », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/civilisations.7018
Depuis la fin des années 1920, les peintures sur écorce de Terre d’Arnhem ont trouvé leur place dans les musées les plus prestigieux. Qualifiées de « colonne vertébrale de la terre et de la mer » par le chercheur yolŋu Joe Neparrŋa Gumbula (2010), ces peintures historiques matérialisent le savoir religieux, l’autorité et l’agentivité du peuple ancestral. Au cours des deux dernières décennies, les descendants de leurs créateurs ont suscité de nouvelles formes de collaborations pour renouer avec leurs collections dispersées. S’appuyant sur l’expérience récente du co-commissariat de l’exposition Guḻarri gapu yothu yindi. Paysages de l’eau au nord de l’Australie avec le Centre d’art et de culture de Milingimbi et le musée du quai Branly, cet article interroge notre compréhension des peintures sur écorce historiques en tant que patrimoine religieux. Loin d’être un mouvement à sens unique des centres vers la périphérie, strictement conçu dans un esprit de réparation postcolonial, les expositions artistiques peuvent être considérées comme des processus bidirectionnels de partage mis en œuvre par les Yolŋu qui visent à une appréciation approfondie de la valeur de leurs collections. En permettant de réinscrire les collections dans des relations signifiantes, ces processus invitent à reconsidérer les enjeux épistémologiques et éthiques de l’exposition d’images sacrées aborigènes dans l’espace public. Ils nous invitent aussi à réfléchir concrètement aux responsabilités curatoriales qu’implique une telle posture de respect.