2015
Cairn
Aïda Kanafani-Zahar, « Le religieux au Liban : vecteur de lien, de violence et de conciliation », Les Champs de Mars, ID : 10670/1.ddcchk
Alors même que les raisons qui ont mené à la « guerre de la montagne » (Mont Liban sud, guerre du Liban, 1975-1990) étaient politiques, la violence individuelle et collective - massacres, disparitions, déplacements forcés - a été perpétrée sur le critère religieux, provoquant un profond heurt avec la mémoire de la vie en commun quand « on ne savait pas qui était qui [qui avait quelle religion] ». La « réconciliation », nom donné à la procédure mise en œuvre par les autorités publiques dans cette région pour faire revenir les déplacés chrétiens à leurs localités et les réconcilier avec les villageois druzes, a reposé sur une logique et un mode opératoire communautaires. Elle a néanmoins rendu possible le retour des chrétiens et instauré la pacification. Entre 2005, année de l’assassinat du Premier ministre R. Hariri, et 2009, la paix civile est menacée au Liban. Les confrontations entre les militants des coalitions du 8 et du 14 mars, constituées après cet assassinat, font craindre une reprise de la guerre. Ses symboles les plus forts, - les lignes de démarcation et le 13 avril, date non officielle du début de la guerre -, ont alors été mobilisés par des acteurs civils comme autant de « lieux témoins » de rejet de la guerre mais aussi de pluralisme religieux et d’unité. Au travers de notre travail sur le Mont Liban sud, notre texte tente de cerner quelques aspects de la complexité du religieux dans la société libanaise, lien, violence, conciliation.