2009
Cairn
Lawrence Busch, « What Kind of Agriculture? What Might Science Deliver? », Natures Sciences Sociétés, ID : 10670/1.de4wn6
Jusqu’à récemment, un objectif commun unifiait presque entièrement les efforts de la recherche agronomique : accroître la production. Certains problèmes de productivité ont même souvent été occultés au nom de cet accroissement. En Europe et aux États-Unis, cet objectif a été soutenu par des subventions à la production. Mais aujourd’hui, paradoxalement, nous sommes confrontés à une recherche agronomique qui devient à la fois plus fragmentée et plus intégrée. Le secteur public perd la main ; c’est le secteur privé qui prévaut presque partout. De plus, les missions de la recherche agronomique ont changé. Si la recherche est soutenue, c’est parce qu’on lui demande d’apporter des solutions aux problèmes de changement climatique, de développement rural et même de santé publique. D’un côté, on constate une intégration nouvelle entre aliments, régime alimentaire et médicaments, tandis que, de l’autre, un fossé considérable et peut-être grandissant se creuse entre les approches moléculaires de la biologie – génomique, protéomique, métabolomique, entre autres – et des domaines plus anciens tels que taxonomie et sélections végétale et animale. Parallèlement, il se produit une transition à partir de normes publiques axées largement sur la sécurité sanitaire des aliments vers une prolifération parfois conflictuelle de normes relatives à la durabilité, aux droits des travailleurs, au commerce équitable, à l’agriculture biologique, etc. Ce qui manque dans tout cela, c’est une tentative de formuler la question : quel genre d’agriculture et d’aliments voulons-nous ? Il nous faut d’abord trouver un début de réponse à cette question essentiellement éthique si nous voulons que les investissements dans la recherche agronomique soient en mesure d’améliorer la situation.