Le temps comme expérience-limite : répétition et mélancolie dans le cinéma de Jim Jarmusch

Résumé Fr En

L’article propose d’explorer, à partir de trois de ses films, le traitement du temps dans le cinéma de Jim Jarmusch. Le motif de la répétition, qui vient remplacer l’enchaînement de l’action, y marque le rejet d’un temps linéaire, et propose des variations sur différentes expériences-limites du temps : temps du refoulé, temps de l’éternité, temps originaire. Il invite alors à interroger les différentes modalités que peut revêtir l’intemporalité de l’inconscient, et à revenir à la question de la constitution, de l’inscription et de la conservation des traces psychiques. Les personnages de Jarmusch, jouant sur le dévoilement des illusions du temps ordinaire, peuvent être perçus comme différentes figures de la mélancolie. Ils illustrent les manières dont celle-ci refuse le leurre commun du temps, mais également le potentiel de créativité qui peut surgir d’un travail de la répétition.

The article explores the theme of time in three Jim Jarmusch’s movies. The pattern of repetition, which often stands for the sequences of actions, rejects the linearity of time and offers variations on different experiences of time: the time of the repressed, the time of eternity, and the primary time. It thus aims at questioning the various meanings of the timeless unconscious and the constitution, the inscription and conservation of mnemic traces. Jarmusch’s characters unveil the ordinary time’s illusions, and then can be perceived as different embodiments of melancholia. They reveal how melancholia stands out of these illusions of ordinary time, and they also point out the creative potential which can arise from the process of repetition.