2022
Vincent Durand-Dastès, « Une matinée au théâtre des enfers: les incrustations narratives dans les rouleaux des Dix rois du monde des ténèbres en Chine moderne. », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.dgdqck
Ce chapitre étudie les « incrustations narratives », sorte d’instantanés constituant des allusions picturales à de célèbres scènes empruntées au théâtre chinois, que les peintres de la fin de la période impériale et du début de la période contemporaine faisaient figurer dans les rouleaux verticaux représentant les Dix rois des Enfers. Certaines scènes furent choisies parce qu’elles faisaient simplement allusion, via des jeux de mots sur leurs titres, à la géographie des enfers chinois. D’autres montraient de fameux criminels de l’histoire ou de la légende (avec une prédilection pour les traîtres célèbres ou les empereurs à la carrière entachée de crimes) entraînés aux enfers. Mais les scènes apparaissant le plus fréquemment étaient empruntées aux pièces porteuses d’une double dimension de punition et de salut, comme celle du voyage aux enfers de l’empereur Taizong des Tang, ou de la réincarnation en serpent de l’épouse de l’empereur Wu des Liang. Ces pièces figuraient en très bonne place dans les représentations de théâtre rituel dédiées, comme l’exposition des rouleaux des Dix rois, au salut des morts. Leur présence au cœur de l’iconographie de ces derniers témoigne de l’étroite articulation entre les récits vivants du théâtre et la mise en image de la séquence des Dix rois.