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Sébastien Urbanski, « Individualisme méthodologique et croyances collectives », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.dhxgfk
Les croyances collectives ont-elles une existence propre ? Oui, mais elles ne sont pas situées hors de l’individu. Elles prennent forme et se consolident à mesure qu’elles sont invoquées dans des discours ordinaires, notamment sous la forme de descriptions à la première personne du pluriel. On pourrait aller plus loin, et défendre un holisme ontologique considérant que les références quotidiennes des acteurs créent des croyances collectives, de sorte que les groupes peuvent vraiment croire et même avoir des sentiments associés à ces croyances (Gilbert, 2002). Toutefois, la position d'Alban Bouvier, auquel le présent ouvrage rend hommage, est celle du « holisme subjectif » (Bouvier, 2011) : les croyances collectives n’existent pas en tant que telles, mais les acteurs y font référence de telle sorte qu’ils ont individuellement les états mentaux correspondants. Il s’agit là d’un individualisme méthodologique conséquent, car il refuse le holisme ontologique (lui-même incompatible avec le naturalisme sur lequel se base toute science rigoureuse) ; mais non-dogmatique en ce qu’il ne réduit pas les croyances collectives stricto sensu à la somme de croyances individuelles. L’ensemble de ces réflexions prend place dans une épistémologie refusant de mêler les questions de méthode aux questions politiques, qui trop souvent apparaissent lorsque les discussions sur le holisme et l’individualisme sont en jeu.