2024
Cairn
Carole Talon-Hugon, « Redistribution classique : le sublime comme réponse à l’aisthétisation du beau », La Pensée écologique, ID : 10670/1.dl5dxz
L’esthétique environnementale plonge-t-elle ses racines dans l’esthétique classique de la nature ? On montrera ici que non. La révolution scientifique moderne, en renonçant au Cosmos au profit d’un paradigme mécaniste corpusculaire de la nature a conduit à une subjectivisation du sensible. L’esthétique, qui naît au xviiie siècle, s’est d’abord donné pour tâche de prendre en charge le rapport sensible au monde que la nouvelle science négligeait au profit de l’étude des qualités premières. Mais l’intérêt de l’art, et notamment de la peinture, pour cette configuration particulière du sensible qu’est le paysage a produit une artialisation du rapport sensible de l’homme au monde, c’est-à-dire a conduit à considérer ce dernier sous les catégories de beauté et de sublime, à privilégier le sens de la vue, et à prôner une attitude désintéressée. Autant de traits avec lesquels l’esthétique environnementale contemporaine rompt.