Balzac et les romans noirs : L’innutrition gothique comme partage poétique

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Dans un contexte littéraire où l’appropriation du romanesque noir par de grands auteurs comme Chateaubriand, Nodier, Vigny, Gautier, Hugo ou Sand, cherche souvent à approfondir la pensée socio-politique de la France post-révolutionnaire, Balzac n’assigne-t‑il pas une fonction plus particulière à cette appropriation gothique ? Balzac souhaite en effet, selon cet article, amener le lecteur à saisir les jeux et enjeux de sa poétique, dans une dialectique de l’effet frénétique et de l’effet réflexif. Les lectures de romans noirs sont en ce sens intimement associées, chez Balzac, à une forme de co-création de son art du roman. La foisonnante présence lexicale, thématique et métatextuelle du genre gothique dans La Comédie humaine permet à Balzac (au-delà des enjeux socio-politiques et historiques du romantisme-réalisme) d’inventer, formuler et diffuser une poétique éclectique inédite, dans un double mouvement de ravissement et d’autonomisation du lecteur.

In a literary context where the Gothic is appropriated by authors such as Chateaubriand, Nodier, Vigny, Gautier, Hugo or Sand, and where the Gothic generally seeks to delve into social and political thought on post-revolutionary France, does Balzac assign a particular function to such an appropriation of the Gothic ? According to this paper, Balzac wishes to bring his reader to an understanding of what is at stake in his poetics through a dialectic between frenetic and metatextual effects. Balzac’s readings of Gothic fiction can thereby be identified as a form of co-creation in his art of the novel. The prolific lexical, thematic and metatextual presence of the Gothic genre in La Comédie humaine allows Balzac to invent, express and develop an original, eclectic poetics, in a double action that enthrals and empowers the reader.