20 octobre 2023
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Romain Pichon-Sintes, « Les jeux qui voulaient changer le monde : étude sur les intentions, le matériel, les systèmes et le sens des jeux de société thématisés écologie », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.dn57s2
À l’heure où la nécessité d’une prise de conscience des enjeux climatiques et énergétiques se fait de plus en plus pressante, le monde ludique est gagné à son tour par la volonté de contribuer, à sa façon, à l’effort collectif. Cette volonté s’incarne notamment sous la forme d’« éco-jeux », des jeux de société thématisés « écologie » (climat, environnement, biodiversité, transition énergétique).D’un point de vue formel, les éco-jeux se caractérisent tout d’abord par un ensemble de signaux qui confirment leur volonté de se positionner comme « acteurs du changement », et non comme simples objets de divertissement. Mais au-delà de l’effet d’annonce de supposées vertus éducatives, les éco-jeux forment surtout des représentations particulières du monde, empruntant tout autant à la simulation qu’au Nouveau Réalisme.Leurs mécaniques de jeu, si elles ne se distinguent pas du reste de la production contemporaine des jeux de société, voire leur emboite le pas, ne se révèlent pas non plus être la grille d’analyse la plus pertinente pour aborder les éco-jeux. Appliquer au-delà des mécaniques le concept de la rhétorique procédure au jeu de société et analyser les micro-causalités en-deçà nous permet d’extraire la proposition ou le projet politique que dessinent les éco-jeux. Comme souvent avec un objet culturel raffiné, le sens profond ne se révèle pas toujours à la première lecture.Cet objet attractif, « fun » et en phase avec son temps que constitue l’éco-jeu incarne pourtant un ensemble de tensions (entre jeu et éducation), de frictions (entre signifiant et signifié) et de contradictions (entre intentions et réalisation). Indépendamment de la réussite de leurs projet initial, les éco-jeux n’en demeurent pas moins des expériences collectives utiles à notre société comme laboratoires moral et social et comme espaces privilégiés d’une réflexion concertée sur la gestion des biens communs.